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sujet de l’avilir ; ensuite, je ne l’ai racontée qu’à Alfred, qui vous l’a redite, à vous seul. Voulez-vous avoir la bonté, monsieur, de rendre témoignage de ma discrétion, lorsque vous écrirez à Pierre Pagello ?

« En second lieu, cette personne insinue que je pourrais bien m’être défaite des tableaux à mon avantage, afin de me donner en même temps les gants d’une générosité singulière. Elle ajoute que, s’ils sont entre mes mains, en effet, elle espère que vous voudrez bien les recevoir, afin de les lui renvoyer ou de les lui faire vendre. Je fais porter les tableaux chez vous ; voulez-vous bien en accuser réception à Pierre Pagello ? J’espère que oui. Vous avez pensé que le sentiment d’équité vous forçait à vous faire le bourreau d’une âme criminelle. Je ne savais pas que vous eussiez l’âme aussi austère et le bras aussi ferme. J’en souffre, mais je vous en estime d’autant plus, monsieur, et à cause de cela, je pense que vous me laverez de l’accusation de friponnerie, car si votre amour de la vérité vous a commandé de me nuire, il doit vous commander de me réhabiliter sous les rapports par où je le mérite.

« Veuillez m’honorer d’un mot de réponse. J’ai l’honneur de vous saluer.

« GEORGE SAND. »

Monsieur Just Pagello, parlant au nom de son père, a déclaré au Dr Cabanès : « Que ces toiles, sans être des Raphaël, étaient loin d’être des œuvres médiocres. Elles étaient signées du peintre Ortesiti, un maître »[1]. J’ignore quelle était la valeur de ces peintures, mais précieuses ou non, le Dr Pagello me semble en avoir fait peu de cas, car, trois ans plus tard, George Sand répondait le 24 août 1838 à Alfred Tattet, qui lui demandait ce qu’il fallait faire de ce dépôt :

«…..Je ne pense pas qu’il y ait lieu de vous occuper de ces tableaux ; votre maison est assez vaste pour que vous les laissiez relégués dans un coin de cave ou de grenier. Je n’ai pas eu plus de relations que vous avec Pagello, depuis le

  1. Revue Hebdomadaire, 24 octobre 1896, p. 618.