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Mais à peine les deux amants se sont-ils revus qu’ils ne peuvent plus eux-mêmes s’entendre :

George Sand à Alfred de Musset.

« N’ai-je pas prévu que tu souffrirais de ce passé qui t’exaltait comme un beau poème, tant que je me refusais à toi, et qui ne te paraît plus qu’un cauchemar, à présent que tu me ressaisis ? »

Alfred de Musset à George Sand.

« Ne penses pas au passé ! Non, non ! Ne compare pas ! Ne réfléchis pas ! Je t’aime comme on n’a jamais aimé ! »

Les crises se succèdent avec rapidité : ils s’adorent le matin et se disent des injures le soir, pour retomber le lendemain dans les bras l’un de l’autre. C’est la phase de leurs amours la plus tourmentée, la plus poignante : à la lecture de ce qui a été publié de leurs lettres, on se demande comment ils n’y ont pas laissé tous deux leur raison.

Alfred de Musset a la fièvre, et George Sand veut prendre un déguisement pour venir le soigner chez sa mère : « Si je peux me lever, je t’irai voir », lui répond-il.

Le 8 novembre, Alfred de Musset provoque en duel Gustave Planche qui a mal parlé de George Sand ; Planche lui fait des excuses, et le 12 novembre, Alfred de Musset écrit à Alfred Tattet :

« Mon cher ami,

« Tout est fini. — Si par hasard on vous faisait quelques questions (comme il est possible qu’on vous soupçonne de m’avoir parlé) ; si enfin peut-être, on allait vous voir pour vous demander à vous-même si vous ne m’avez pas vu, répondez purement que non, que vous ne m’avez pas vu et soyez sûr que notre secret commun est bien gardé de ma part. — J’irai vous voir bientôt.

« A vous de cœur.

« ALFRED DE MUSSET. »