Page:Closset - L’Ombre des roses, 1901.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.


VI



Le printemps brûle aux cierges blancs des marronniers,
Il consume mon cœur par leurs cent mille fleurs,
Mon cœur, processionnant seul à seul en grand’pitié
À cause d’un chagrin, Seigneur !

C’est ici que je prie notre Dame des pétales,
Bonne à ceux qui savent effeuiller leur âme
Pour un mortel amour, en tout digne des palmes
Que les marronniers, à l’automne, donnent.

Ils s’en délivrent, chute plaintive, défunts atours !
Ah ! qu’octobre alanguisse les poitrines malades
Jusqu’au désir d’aller souffler sur les étoiles,
Sœurs trop pareilles des cierges blancs, brûlant, très pâles,
Leurs doux pétales et leurs étamines débiles !

En attendant, tombez, tombez sur mes cheveux,
Processionnez d’en haut vers mes candides yeux !
À ma bouche, leur sève virginale, qui touche,
Et sur mon front, leur finale bénédiction,
Et dans mes mains, avant d’aller sur les chemins,
Une halte légère au creux des paumes lasses,

54