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SEPTEMBRE.



Ôseptembre ! tu mets ton soleil de six heures
Au niveau de mon cœur.
Oh ! par l’allée si « vieille estampe » de ces arbres,
J’irais tout droit cueillir ses flammes
S’il n’y avait pas l’infini…

Il est glorieusement tombé si bas, si bas,
Qu’au niveau de son cœur on mettrait son bonheur,
Et ce serait au ras du ciel blanc monotone
Où l’ange roux d’automne annonce les langueurs…
Langueur de se vouloir couché et monotone,
Langueur d’attendre rien et d’attendre sans bornes,
Et langueur des langueurs, à mourir de douceur !

L’automne ! avec ses vents, ses pluies, et ses soleils.
Trop mûrs, ou pâlissants et silencieux au ciel.
Tandis que dans les arbres, les patientes feuilles
Soulèvent mille et mille grises mélancolies,
À l’infini, à l’infini de leurs tristes petites vies !…
 
L’orgue met sa pédale à tout le paysage.
Rentrons loin du soleil, et regardons, chère âme,
Comment, dans le jardin qu’on a jonché de cendre,
Le premier soir d’automne lentement va descendre.

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