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LA FILLE DE L’OUVRIER.


AIR des Trois Couleurs. — 35.


Depuis longtemps les sarcasmes du monde
De nos enfants se font les oppresseurs ;
Pour flageller l’injustice qui fronde,
Je viens à vous, ouvrières, mes sœurs.
Sans grand mérite on peut vivre à rien faire ;
Devant ceux-là qui t’osent dédaigner,
Toi dont les mains combattent la misère,
Lève le front, (bis) fille de l’ouvrier.

La vanité, ce monstre sans entrailles,
Est un fléau qui s’accroît tous les jours ;
Elle te frappe, enfant, toi qui travailles
Sous l’œil d’un Dieu qui travaille toujours.
Mais, en dépit du blâme ou des louanges,
Pour tes parents sois l’ange du foyer :
Tous les cœurs purs sont au niveau des anges !
Lève le front, fille de l’ouvrier.

Tel qui fait fi des vertus sous la bure,
Admet sous l’or la fraude et l’impudeur ;
Le luxe vain qui cache une souillure
Vaut-il l’habit tout simple de l’honneur ?
Honte aux ingrats dont la voix te décrie,
Fille des champs, fille de l’atelier :
Le pauvre peuple enrichit la patrie.
Lève le front, fille de l’ouvrier.