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Tu ne l’as jamais écouté.
Et ton amour, rare en caresse,
Est sans rire pour sa gaieté,
Est sans larme pour sa tristesse

Quand il gémit de lents soupirs
Ton oreille en est ennuyée ;
Par les baisers de tes plaisirs
Tu crois sa douleur trop payée.

Tu l’aimes ; il le sait, mon cœur,
Hélas ! pourquoi, toujours sévère,
Punir d’une telle froideur
Sa jalousie et sa colère.

Crois-tu donc n’avoir point de tort,
Et qu’une suprême justice
Trouverait toujours en accord
Toutes les lois de ton caprice ?


L’amoureux faisait ce reproche à dix-huit ou dix-neuf ans. Un an plus tard, il s’écria : Malheur au cœur naïf ! Le philosophe se formait, suscitant une floraison posthume, destinée à ce cœur, à la tombe qu’auront creusée ses larmes. C’est encore un clair de lune dans Paris, la Volonté, où les vingt années de l’homme dictent le poète. Et voici la première soirée en prison, que j’ai citée ; des chats dont les ébats dérangent la ligne de son rêve, et une aquarelle vive, palpitante : Nous n’irons plus au bois. Oh ! si elle l’y suivait... Mais nos temps ne sont plus à ces tableaux gracieux, nos émotions sont brutales ; et l’amant, sous le ciel des baisers, par la prière des yeux, se replonge en l’intimité de son amour.

Lisez donc ces quatre vers tirés d’un intermède daté 25 mai 1865 :


Le canon grondant vomit des boulets ; des murs d’hommes croulent,
Les chevaux pesants, dont les pieds tonnants font le bruit des eaux
Que l’orage bat d’une aile d’éclair, s’élancent et roulent,
Et dans l’horizon avec de grands cris planent des corbeaux.


Il n’y a rien de nouveau sous le soleil, pas même les vers de quinze pieds.

Bien plus légers que des vers pentédécasyllabiques, voltigent des papillons, désirs autour de la beauté de l’aimée, el plus frais encore d’éveil, de jeunesse, de rosée, est

Un Rayon dans une rose


Déplissant sa robe froissée,
La rose, à l’heure du réveil,
Relève sa tête, arrosée
Par l’ombre fraîche du sommeil :

Et les doigts de l’aube rosée
Ouvrent son calice vermeil,
Où se baigne dans la rosée
Un jeune rayon de soleil,