Le troisième livre : l’Amour, est offert
Pour marier le moderne à l’antique,
Sur l’idéal j’ai calqué mes dessins,
Et, quelque temps, poursuivi dans l’Attique
Aphroditè, dont je moulai les seins.
En remplissant mon musée artistique,
J’ai, bien ou mal, accompli mes desseins ;
Et maintenant, au devant du portique,
Je veux placer les bustes de mes saints.
J’y mets d’abord celui de ma maîtresse ;
Il est d’albâtre ; et l’amour noue et tresse,
Dans ses cheveux, des feuilles et des fleurs.
Et quant au vôtre, ô peintre, je le pose
Sur ce fronton, que l’air bleuâtre et rose
Fait chatoyer sous le jeu des couleurs.
Suit un Portrait, pastel frais et gracieux, qu’on ne peut fragmenter ; je passe, avec le regret de ne pouvoir le citer entier. L’Açoka, au bord du Gange, fleurit quand une femme l’effleure : ainsi s’épanouit le cœur du poète, sous un sourire féminin. Dans le clair de lune, au bois, le chant d’amour s’amplifie : Allons retremper notre vie dans le calme de la nuit !
Comme il disait ainsi, les flots et la ramure
Murmurèrent, sur l’orgue harmonieux des nuits,
Cet hymne, à la fois jeune et vieux, que la nature
Fait avec les douceurs profondes de ses bruits.
Mais lui, près de son cœur, sentant trembler sa belle,
Se pencha vers son front et lui parla tout bas.
« Oh ! ce n’est pas de peur que je tremble ! » dit-elle,
Et son bras plus pressant s’appuya sur mon bras.
Si c’est là du parnassien, le parnasse n’était pas toujours impassible. .
Et la nuit, répétant, souriante et sereine,
Le bruit d’un doux baiser suivi d’un doux soupir,
Réveilla, balancé dans les rameaux du chêne,
L’amoureux rossignol qui se mit à gémir.
.........
Oh ! dis que tu tiendras un jour, toi dont je rêve,
Plus clémente aux accents suppliants de ma voix,
Quand la lune amoureuse à l’horizon se lève,
Écouter avec moi les silences des bois.
Le Réveil se fleurit d’amour souriant, mais le voilà, déjà, suivi de ce
Mon cœur est un oiseau des bois ;
Il a fait son nid dans ton âme,
Et, s’il y chante quelquefois,
C’est toi qu’il chante et pour toi, femme.