Page:Clemenceau - Au soir de la pensée, 1927, Tome 2.djvu/83

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
78
au soir de la pensée

généralement connus. « L’icthyosaure, écrit M. Boule, avait un corps et des vertèbres de poisson, un museau de dauphin, des dents de crocodile, une tête et un sternum de lézard, des pattes de cétacé. Sa longueur variait de 1 à 10 mètres… Avec ces mêmes pattes de cétacé, le plésiosaure avait une tête de lézard toute petite et un long cou semblable à celui d’un serpent. Certaines espèces ont près de 15 mètres de longueur ». Les mosasaures (20 mètres de longueur) étaient d’immenses lézards nageurs pourvus d’une redoutable mâchoire. On ne contestera pas que nous tenions ici des pièces décisives de l’organique enchaînement.

Après de si topiques témoignages, je n’ai point à m’aventurer dans le domaine extravagant des monstrueux reptiles terrestres, dont le fameux diplodocus est un assez beau spécimen. Point de développement cérébral. Des ressemblances de parties de squelettes avec les oiseaux. Les dinosauriens et les oiseaux auraient eu, nous dit-on, « des ancêtres communs » dont on trouvera peut-être un jour la trace dans les terrains primaires. Il y avait, en effet, des reptiles volants, dans l’ère secondaire. Ce sont les ptérodactyles. Ici doit-on placer le fameux archéoptéryx, moitié oiseau (muni de dents), moitié reptile. Il est important de noter que des caractères nettement reptiliens s’observent encore sur les embryons et les petits de certains oiseaux actuels. Dans le terrain crétacé, les oiseaux ne différaient guère des types de nos jours que parce que beaucoup avaient conservé les dents de l’archéoptéryx. De quelque côté qu’on les considère, les enchaînements des organismes en évolution se manifestent avec surabondance.

À l’heure même ou s’affirmait la domination des monstrueux reptiles, nous voyons apparaître de petits mammifères à sang chaud, commencement d’une grande histoire dans le cours de laquelle nos propres annales se sont insérées.

Avec l’ère tertiaire, ammonites, bélemnites, reptiles géants disparaissent. Les mammifères s’emparent des continents. La distribution des mers, le relief des parties émergées se rapprochent lentement de ce qu’ils sont aujourd’hui. La température continue de décroître, les climats se succèdent. De plus en plus l’ère quaternaire qui se caractérise par la survenue de l’homme, prend figure de notre ère moderne ou s’accomplissent les évolu-