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notre planète

Les dispositions géographiques des continents et des mers n’ont pas cessé de changer. La température a décrû. Encore aujourd’hui, les tropiques gardent le témoignage d’une flore et d’une faune primitivement répandues Des organismes animaux, voisins des végétaux tout proches eux-mêmes des productions minérales, coraux, polypes, éponges, protozoaires, zoophytes, échinodermes, mollusques, etc., forment un monde dans les détails duquel on ne me demandera pas d’entrer. Innombrables sont les dispositions de défense, d’assimilation, d’agression, de reproduction. Il semble que toutes les formations possibles aient été successivement épuisées dans tous les enchaînements dont les mieux adaptés survivent, tandis que les autres ont disparu ou sont condamnés à disparaître.

Des crustacés vivants, voisins des types secondaires, ont été trouvés dans les grandes profondeurs des mers actuelles. Quelle attestation plus topique de l’infrangible enchaînement ? Les insectes se développent. Nous avons vu abeilles, fourmis, papillons, apparaître au terrain secondaire avec les plantes à fleurs sans lesquelles ils ne subsisteraient pas. Les poissons cuirassés disparaissent. Les poissons osseux en viennent à nous offrir des vertèbres complètement ossifiées. Les squales (requins, raies) ont gardé le squelette cartilagineux. Leurs dents, les aiguillons de leurs nageoires, demeurés dans les dépôts du terrain secondaire, attestent qu’ils ont passé là. M. Boule cite l’histoire significative d’une dent singulière, découverte dans notre trias, dont le porteur ne put être déterminé qu’au jour où on la rencontra dans la bouche d’un poisson d’Australie respirant à la fois par des branchies et par des poumons. Le vivant, déterminé par les vestiges de l’espèce disparue.

Le monde des reptiles secondaires pourrait nous retenir indéfiniment. Nous les avons trouvés de forme chétive vers la fin du primaire. Nous les rencontrons maintenant, soit de formes mixtes, soit de traits caractérisés, conduisant à des ressemblances avec les mammifères. Si l’on cherche des signes topiques d’évolutions entre-croisées, elles se découvrent ici authentiquement.

Pas plus sur les grands reptiles marins que sur les grands reptiles terrestres, je ne saurais m’étendre. À la curiosité du lecteur, le modeste, mais lucide manuel de M. Boule fournira toutes indications. L’icthyosaure, le plésiosaure des mers jurassiques sont