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au soir de la pensée

essayer, aussi, de l’envisager dans la simultanéité de ses synthèses, tel qu’il se manifeste positivement ?

On n’attend pas de moi un exposé, même sommaire, des classifications de la paléontologie. Elles seraient, pourtant, nécessaires à qui voudrait se rendre compte, aussi bien des relations organiques manifestées par l’étroit enchaînement des existences que par la rigoureuse correspondance des organes déterminants de l’être avec le milieu.

Les mouvements ordonnés des activités cosmiques (disons les évolutions), se déterminent dans l’interdépendance de l’être et du milieu par des correspondances d’échanges, jusqu’au stage suivant d’énergie continuée. L’atmosphère, les eaux, les sédiments, les existences végétales ou animales qui y apparaissent, décèlent l’enchaînement infrangible du protoplasma cellulaire à l’homme pensant. En quelque point que nous retienne l’aspect changeant des phénomènes, il faut que l’universelle cohérence des choses soit le premier fondement de toutes interprétations. La domination d’une volonté capricieuse à des fins qui ne peuvent s’accommoder de l’observation positive se voit scientifiquement éliminée. De même, nos relativités poussées à de prétendus ajustements d’absolu par l’adjonction imaginaire d’un principe immortel, (âme), qui a dû conjuguer follement un temps de non-existence avec une vie d’éternité.

L’enchaînement cosmique de tous les phénomènes du monde inorganique est aujourd’hui reconnu. Cependant, le passage du monde « minéral » au monde vivant, se heurtait, dans les primitifs entendements, à une si haute barrière d’incompréhension qu’on ne pouvait trouver d’autre issue que de les rapporter puérilement au caprice d’une toute-puissante personnalité. C’est que nos aïeux devaient interpréter de fortune, avant de pouvoir recourir aux épreuves de l’observation. À ce point d’une interprétation imaginative, il ne s’agit plus, aujourd’hui, que de savoir comment le thème primitif peut s’accommoder des constatations ultérieures dûment vérifiées.

Qu’est-ce donc, d’abord, que nous apportent les fossiles de la paléontologie, sinon la mise au point expérimentale des phénomènes d’animation vitale dans l’ensemble des mouvements cosmiques où se développent leurs coordinations ? Au lieu de l’apparition magique inscrite d’enthousiasme aux livres sacrés,