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notre planète

où le permettent les conditions reconnues de notre existence ?

Au point d’évolution où nous en sommes venus, voudrait-on donc soutenir qu’il est indifférent qu’un idéal de vivre s’accorde, ou non, avec les infrangibles données de l’expérience ? Une émotion idéaliste de ce qui est ne se doit-elle pas préférer à nos feux grégeois d’hallucinations ? Suffit-il donc de bourdonner aux vitres, quand le monde lui-même s’offre à nos plus hautes sensations ? La course à la connaissance, avec les chances de la devancer par l’hypothèse, ou s’abandonner aux fallaces d’un mirage ? L’un mettra son orgueil à battre de ses catapultes tous contreforts d’inconnu. L’autre conduira fièrement ses bataillons de fantômes aux enchantements puérils d’une vie qui aura passé sans avoir été vécue.

Seul, l’homme qui ose audacieusement se mesurer au mètre d’une connaissance relative de l’univers inaccessible peut concevoir de sa pensée une assez haute estime pour affronter, les yeux ouverts, une puissance des choses au delà de ses facultés. L’absolu des éléments qui est, en somme, le fait d’exister, ne sera pas pénétré plus avant par le mysticisme de la théologie et de la métaphysique que par l’humaine épreuve des cohérences universelles dont notre évolution mentale augmentera le champ sans jamais l’épuiser. La fragile expérience, qui nous met face à face avec les barricades d’un monde, suggestif mais muet, nous donnera plus que nous ne pouvions croire aux naissantes aurores des premières compréhensions. Par ses harmonies, comme par ses impérieuses sollicitations, la bonne terre nous appelle, nous retient au sein maternel. Sagement, le nouveau-né s’y confie. Voyez à quel état de croissance le voilà parvenu.


Périodes géologiques.


Dans le cycle cosmique, l’universelle prodigalité du temps et de I’espace. Avec les formations terrestres, nous pouvons risquer quelques points de repère, comparer des périodes. Pour des évolutions de correspondances lointaines les chiffres entrevus