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CHAPITRE XI


NOTRE PLANÈTE


Terre ! Terre !


Descendus des astres, il nous faut toucher terre, c’est-à-dire prendre possession de notre habitat planétaire aux fins de nos accommodations, de nos exigences, de nos agitations. Encore y a-t-il dans cette vue plus d’imagination qu’il ne semble, puisque, de l’ultime nébuleuse, où nous fûmes en devenir, jusqu’aux suprêmes développements de notre vie terrestre, la positivité de ce que nous pouvons atteindre ne nous montre que des successions universelles d’ondes fictivement stabilisées par le moyen d’un nom. Intégration de l’homme dans le Cosmos. Des girations d’atomes, sur la terre comme au ciel, par delà l’épuisement de notre rayon visuel, avec des sillonnements d’éclairs dénommés sensations.

Au vulgaire des ignorances cultivées, cela paraît bien peu pour un aboutissement de connaissance. Ce n’en est pas moins un moment décisif des développements de l’humaine mentalité. Il n’y a pas d’autre moyen de connaître que d’interroger nos réactions organiques, en nous gardant de vouloir trouver dans les mots autre chose que des formes d’interprétations. Pour avoir trop vite cédé aux tentations de ce péril, nous nous sommes bellement installés dans le chimérique domaine d’un verbalisme d’absolu, d’où de tardives rencontres d’observation positive sont en train de nous déloger. Ainsi le papillon brûlera ses ailes à la chandelle pour lui avoir demandé plus que de l’éclairer.

Si l’univers est de perpétuels changements, la condition de