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au soir de la pensée

pense suprême et dédaigné de si haut par nos chrétiens — ni pires ni meilleurs.


La mort.


Où allons-nous ainsi ? La réponse à cette question, qui paraît si redoutable à l’affinement de nos sensibilités maladives, ne peut comporter d’autres données que des inductions d’expérience. Toutes les formations de la vie sont vouées fatalement au même sort, en des successions d’états où la conscience allume l’éclair d’une auréole, qui doit s’éteindre après avoir brillé.

Je ne peux pas ignorer que cette réponse d’objectivité pure ne satisfait pas aux élans subjectifs de notre émerveillement de nous-mêmes. Si vous ne cherchez que des contentements de paroles, l’autel ne se lassera pas de vous les offrir. Mais si vous êtes capable du redressement d’intelligence que commande l’entreprise d’aborder une vue générale des mouvements cosmiques où vous êtes inclus, montrez-vous digne de remplir votre destinée.

J’ai parlé des inductions d’expérience. En compagnie de son soleil, la planète continue de se déformer, de se transformer par le refroidissement. Des astres s’enflamment pour se séparer. Des astres se rencontrent pour des effets de recommencements. Dans les régions indéterminées de l’espace où se précipite notre course inconnue, en quelque point que nous soyons parvenus de notre évolution mentale, nos constructions planétaires doivent lentement se dérober sous nos pieds, nos plus beaux accomplissements d’humanité se trouver anéantis. Et comme ces « transformations » sont de partout et de toujours dans l’infinité de l’espace et du temps, il n’est point de moyen de leur échapper. Transposer au delà de la vie douleur et plaisir, ultimes achèvements de sensibilité organique, est d’une ingénuité d’enfantillage. Les communes composantes des réactions motrices de la vie se tiennent d’un enchaînement cosmique par l’effet duquel joies et souffrances sont les deux pôles inséparables d’un même mouvement de biologie. Si vous maintenez l’homme au delà de