Page:Clemenceau - Au soir de la pensée, 1927, Tome 2.djvu/472

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
467
et après ?

avec les puissances cosmiques pour des effets de domination.

Lui. — Et après ? Si fragile qu’elle soit, l’illusion de l’espérance est de l’espérance encore, même si c’est votre hypothèse qui doit se trouver vérifiée.

Moi. — C’est précisément ce que se dit le cultuel de l’opium, dans la fumée du rêve dont il appelle le dangereux secours. L’aveu de l’Oriental qui se refuse aux luttes de la vie pour se fabriquer un autre monde dans les développements artificiels de sa béatitude d’inertie. Vivre des réalités d’expérience tangible, ou recourir à l’artifice des fictions pour se dissimuler la vie. Être ou n’être pas. Que chacun choisisse sa tâche à la mesure de son courage.


L’Être et le devenir.


La connaissance positive est la pierre de touche de la pensée. Les animaux développent leur vie selon la somme d’observations primaires qu’ils ont pu recueillir et lier. Nous vivons dans la mesure où nous avons compris. Du point de vue cosmique, l’événement est de pure insignifiance. Humainement, c’est le plus beau de nos énergies à laisser échapper de nos mains débiles, ou à réaliser d’entendement et de volonté.

Nous ne saurions, en effet, considérer la question du connaître selon deux catégories d’entendements. Les uns s’abîment dans les temples d’hospitalisation cultuelle. Les autres voudraient vider la coupe du savoir, et font leur affaire d’ajuster leurs émotivités humaines à l’armature des phénomènes positivement reconnus. Ceux-ci qui se dérobent, ceux-là qui marchent à l’adversaire : n’est-ce pas l’aventure de tous les conflits de notre humanité ? Puisque notre capacité de connaître évolue, les hésitants eux-mêmes finiront par arriver au secours du plus fort de demain qui n’est pas nécessairement le plus fort d’aujourd’hui. Ce ne peut être un argument contre nos déterminations de l’univers que nous ayons besoin d’un temps d’éducation pour les reconnaître et nous y accommoder ; Nous ne