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CHAPITRE XV


ET APRÈS ?


Terme d’évolution cosmique.


Et après ?

Après quoi ? Après où ? Après quand ? Dans les cycles du drame cosmique, il n’est pas étonnant que les dispositions de scènes ne puissent pas toujours s’ajuster aux relativités de l’esthétique humaine qui doit subir le sort des choses au lieu d’en décider. Sans doute est-ce là ce qui choque le plus vivement la foule des simples qui ne peut contester les résultats de l’observation positive, mais se trouve déconcertée par l’idée d’un événement scénique, sans commencement ni fin, où notre infimité s’ajuste, par des objectivités de rapports, à une passagère grandeur de subjectivité. Objective, l’infimité où s’abîme Pascal, subjective, sa grandeur. De cette antinomie, l’explosion d’émotivité théologique qui résout le problème par l’intervention d’un Deus ex machina, chargé d’accommoder l’absolu à la mesure de nos relativités. Donnez-moi seulement une puissance souveraine qui règle l’infini en vue du corpuscule humain, et je vous ferai mouvoir, tout comme un autre, paradis ou enfer, sur un théâtre dont les quinquets seront de fulgurances astrales, avec effets d’apothéose pour le souverain bien, pour le souverain mal.

Fabriqué sur nos propres mesures, l’argument de la tragédie se borne, pour tout effort, à renvoyer au delà de la vie l’irréalisation des dénouements planétaires. L’impossible description des joies paradisiaques, comme les tableaux précisés des châtiments infernaux, attestent les émotions héréditaires de créa-