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Les âges primitifs


Les monuments mégalithiques.


Avec les monuments mégalithiques, nous avons la surprise d’innombrables témoignages de stations humaines universellement répandues. Partout des dispositions analogues à des fins inconnues. La simple énumération en serait fastidieuse hors d’une correspondance des dispositions, depuis les constructions les plus grossières jusqu’à l’appareil en encorbellement. Troncs d’arbres, branchages, apports de tourbe et de terrains consolidés par des fragments de rocs, murailles de pierres taillées, tous outils de pierre, avec des débris de cuisine et de magasins, contenant des échantillons d’aliments : fruits desséchés au feu, pain en galettes, avec des amas de blé carbonisé. Puis des architectures relativement savantes d’un usage inconnu[1]. Tous ces témoignages en grande abondance, au cours d’âges indéterminés, montrent l’installation humaine des temps les plus lointains jusqu’aux abords des connaissances primitives que révèlent les efforts naissants d’une organisation.

Installer des classements parmi tant de débris muets, s’ingénier à établir des repères d’âges successifs dans l’histoire du développement intellectuel et moral, s’est trouvé jusqu’ici au-dessus de nos moyens. Nous sommes à pied d’œuvre. Les interprétations ne sont pas épuisées.

Antiques témoins de rites funéraires, les monuments mégalithiques s’imposent partout à notre vue. Pour les dolmens, il faudrait savoir si les squelettes qui parfois les accompagnent sont contemporains du monument : cela paraît douteux. Les tumuli, qui souvent recouvrent des dolmens ou des ébauches de dolmens attesteraient plutôt une demeure funéraire. Quant aux menhirs, au pied desquels on a trouvé parfois des débris de squelettes, ils se rapportent plus probablement au culte

  1. De Nadaillac, Mœurs et monuments des peuples préhistoriques.