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au soir de la pensée

breux symboles dont il est difficile ou même impossible de comprendre la signification ; la croix équilatérale déjà signalée, et partout rencontrée ; des flèches groupées peut-être au hasard, peut-être en vue d’un sens déterminé ; des mains, signe de puissance, que nous retrouverons dans la symbolique juive et chrétienne, que nous pourrons suivre, en remontant le cours des âges, jusque sur un obélisque assyrien, sur un cylindre de Chaldée, pour se continuer aux représentations figurées de l’Inde et des ex-voto de Carthage, jusqu’à notre main de justice, dernier témoignage de la persistance d’un symbole encore cher aux sauvages d’Australie. Enfin, la roue, emblème du soleil, un cercle hérissé de rayons, dont il faut tenir compte en raison de sa rareté même, car si ce symbole n’a dans la vie paléolithique qu’une importance secondaire, il n’en atteste pas moins l’extrême ancienneté de son apparition.

J’ai cru bon de conclure par cette énumération sommaire de développements qui s’enchaînent d’un lien si rigoureux dans les progressives manifestations de notre humanité. Point de développement humain qui ne nous invite à remonter aux origines pour une connaissance d’observation. Nous avons présentement à choisir entre les légendes sacrées dont nulle ne résiste à l’épreuve du contrôle, et la doctrine positive de l’évolution conçue par Lamarck et reprise par Darwin avec documentation d’expérience.

Tout ce que l’Église peut faire, c’est de s’en tenir au dogme dont elle ne permet pas la discussion. Aucune transaction d’apparence scientifique n’a osé jusqu’ici se mettre en ligne dans le camp des théologies. Tout ce que peut faire le prudent abbé Mainage, c’est de nous signifier qu’il n’admet pas l’évolution. Mais pour ce qu’il « admet » des cavernes quaternaires, qui puisse se raccorder, en quelque point, aux développements de sa Genèse biblique, il néglige bien fâcheusement de nous en informer. Le silence est l’heureux refuge des âmes troublées.

Comment pourrait-on raisonnablement expliquer que la Divinité, d’absolue perfection, se soit ingéniée à réaliser absurdement l’imparfait pour nous laisser le soin de le perfectionner, et nous punir d’un châtiment éternel si nous ne réussissons pas là où il a failli? Si, pour quelque raison inconcevable (après des temps de toujours sans création terrestre), le « Créateur » a voulu,