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les âges primitifs

leçon d’une hérésie en mal d’Inquisition, avec des adoucissements de peines dont il n’est pas nécessaire d’être reconnaissant.

J’ai noté le rejet du trou occipital à l’arrière comme la conséquence inévitable d’une colonne vertébrale redressée. Les courbures du rachis, dont les composantes peuvent être scientifiquement déterminées du bassin à l’occiput, disent une succession de transitions compensées. Un tel déplacement du centre de gravité de l’organisme, impliquant des déformations, des adaptations d’organes, ne peut pas être traité par prétérition. Il y aurait là une étude de cinétique à faire : les annales du redressement humain. De la reptation aux agilités de l’aile, il n’y a pas moins loin que du cynocéphale à l’homme civilisé. Si l’on s’attache à remonter le cours du processus évolutif, pour la juste constatation des rapports, c’est aux jointures de tous enchaînements que les relais de l’épisode seront retrouvés.

Le redressement n’est pas un phénomène spécial aux quadrumanes. Ce que nous en pouvons voir est d’évolutions inégalement poussées. Dans des conditions déterminées par l’habitat, le redressement du quadrumane a suivi son évolution jusqu’au terme d’humanité. Au cours des développements organiques, toutes épreuves ont pu être diversement tentées, d’une façon plus ou moins durable, par la voie des transformations. Les compositions des énergies, en direction des moindres résistances, ont déterminé des potentiels différents de phénomènes enchaînés. Le kangouroo, par exemple, pour commencer de se redresser, n’eut certainement pas les mêmes raisons que le singe. Mouvements conditionnés des habitudes et du milieu. La station quadrupède a beau présenter l’avantage d’un maximum de stabilité animale, les mouvements obligatoires impliquent des déplacements du centre de gravité dont les plus fortes oscillations, dans les dispositions favorables, tendent nécessairement à persister.

Non seulement elles persisteront selon une direction donnée, mais elles iront au plein de leur développement, si les conditions extérieures viennent à les favoriser. Ces conditions, quelles sont-elles dans le cas du redressement simien, et d’où en est venue la sollicitation ? Je ne puis me défendre de la pensée que le principe déterminant de cette activité évolutive si clairement établie est un phénomène d’héliotropie développé par l’habitat