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CHAPITRE XIII


LES AGES PRIMITIFS


Le redressement humain.


Si loin que nous remontions, nous trouvons l’homme debout ou à peu près. Nous avons vu l’homme de la Chapelle-aux-Saints moins complètement redressé que le Papou d’aujourd’hui. Une évolution qui s’achève sous nos yeux. Une évolution de l’anthropoïde à l’homme, qui, de l’une à l’autre « espèce », suffirait pour manifester le lien irréductible.

Incessu patuit homo ! Par la station debout, par sa démarche tête haute, l’homme commence d’affirmer, de proclamer sa maîtrise d’un jour. D’une audace inquiète, il embrasse l’horizon, la voûte céleste avec ses astres, et les fouille d’un regard interrogateur, pour y chercher la clef de ses rapports, de ses aspirations, au risque de se contenter du premier passe-partout. Point d’autre animation de vie qui affronte ainsi le ciel et son soleil d’une si vive flèche de semonce, d’un si puissant geste de volonté.

Le singe aux brefs redressements, l’anthropoïde, bipède et quadrupède alterné, nous montrent les premiers aspects de l’attitude érigée dont l’achèvement s’accomplit dans l’espèce humaine. Par cela même qu’elle est tardive, cette évolution caractéristique, à laquelle le squelette de la Chapelle-aux-Saints apporte la corroboration de ses dernières courbures, nous a laissé des témoignages anatomiques qui ne se peuvent récuser. On connaît les faiblesses de certaines dispositions de la paroi abdominale, par suite du changement de station humaine, ouvrant le chemin aux hernies, à toutes chutes de viscères insuffisamment contenus,