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thermotropisme, chimiotropisme, etc. » Ce que Loeb dénomme sensibilité différentielle est, en somme, la correspondance des réactions à la mesure de l’action. « L’animal se meut suivant la direction de son axe de symétrie. Cette orientation d’un organisme dans un champ de forces est ce qu’on appelle un tropisme… On a pu montrer qu’un grand nombre d’instincts[1] n’étaient pas autre chose que des combinaisons de tropismes. » Il faut entendre ici le mot « instinct » dans le sens des premières manifestations d’un subpsychisme.

Pour situer le tropisme dans l’activité organique, il suffit de faire appel au réflexe[2], ainsi que Loeb n’a pas manqué de faire. « Un réflexe, écrit-il, est une réaction causée par une excitation externe, et qui aboutit à un mouvement coordonné — par exemple la fermeture de la paupière quand un corps étranger touche la conjonctive, ou le rétrécissement de la pupille sous l’action de la lumière. »

Le passage des modifications des extrémités nerveuses sensorielles au centre nerveux pour gagner les nerfs moteurs et aboutir aux fibres musculaires dont il détermine la contraction, est ce que nous dénommons acte réflexe. Loeb ne voit là que des phénomènes d’héliotropisme analogues à ceux que nous observons chez les plantes, qui n’ont ni nerfs ni ganglions nerveux dont la présence chez des animaux assurerait simplement une plus grande vitesse de conduction. Ce sont des complexités de réflexes qui constitueraient tous degrés de l’instinct héréditaire, par les réactions coordonnées, en réponse aux excitations du dehors. « Il est évident, écrit Loeb, qu’il n’y a pas de ligne de démarcation nette entre les réflexes et les instincts[3]. »

Il semble, en effet, que réflexes et instincts rentrent bien dans le cadre des tropismes, mouvements automatiques par lesquels s’orientent végétaux et animaux vers la satisfaction de leurs premiers besoins. Le tropisme se révèle ainsi comme

    repoussé par la lumière. Dans les plantes, géotropisme positif de la racine, négatif de la tige.

  1. J. Loeb, La Dynamique des phénomènes de la vie.
  2. On peut dire, en effet, que le tropisme est un réflexe d’ordre physico-chimique.
  3. J. Loeb, La Conception mécanique de la vie.