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l’évolution

organique né des réactions successives de sensibilité selon des compositions de forces à déterminer.

Si nous considérons l’intelligence humaine d’hier ou d’aujourd’hui, et que nous essayions de la rapporter au monde avant d’avoir déterminé les mouvements élémentaires de ce monde lui-même, quel autre résultat d’une si vaine recherche qu’une totale confusion de mots et d’idées ? Que si, acceptant enfin de considérer le monde solaire (inorganique et organique) dans son ensemble, de la nébuleuse au soleil, puis du soleil à la planète incendiée et plus tard refroidie, nous cherchons à remonter patiemment le cours des évolutions successives dont tant de preuves positives demeurent sous nos yeux, alors pourrons-nous voir jaillir, au cours des développements cosmiques, une lumière d’expérience vérifiée.

Il faut bien que le monde organique soit incoerciblement enchaîné à l’inorganique, puisque nous voyons notre terre passer, avec le refroidissement, de l’état universellement minéral à des états passagers d’organisation précisant des réactions d’irritabilité, de sensibilité. Si les formes de cette sensibilité vont se déterminant l’une l’autre, nous n’en pouvons exprimer de surprise, puisque c’est la loi de l’évolution qui s’accomplit. Atomes en état de radioactivité et cinétique des éléments nous font apparaître des aspects de l’activité universelle où physique et chimie distinguent chaleur, électricité, magnétisme, lumière, etc., résumés peut-être en des phénomènes dits d’attraction[1], selon les rythmes de l’univers. En ces formes diverses, l’énergie cosmique se révèle à nos surfaces de sensibilité qui ne sont elles-mêmes qu’un cas de la sensibilité universelle.

La simple réaction électrique du fer au contact de la main, paraît bien nous révéler une sensibilité minérale. De même les réactions incessantes de la sensibilité de l’atome, de ses électrons, de ses ions, etc., se montrent tout justement identiques à celle des astres en révolutions. Ici s’est rencontré le lien des activités élémentaires aux activités sidérales, subitement révélé à ceux qui ne le cherchaient pas. Constaté d’expérience, l’enchaînement cosmique, même au delà des limites que nos instruments

  1. On peut se demander si la répulsion n’est pas simplement la manifestation d’une attraction supérieure en sens inverse ?