rapprochés, car ils ont, chacun dans son domaine, magnifiquement ouvert les plus larges avenues de généralisations. Mais le nom de Darwin demeure inséparable de celui de Lamarck : Lamarck a vu et formulé. Darwin, ne généralisant que pas à pas, a réalisé en ce sens qu’il a dressé, par un incomparable ensemble de déterminations patiemment colligées, le somptueux édifice dont les grandes lignes avaient été tracées par son prédécesseur. Aucun effort de patiente ingéniosité ne lui a paru superflu dans un domaine de recherches indéfiniment agrandi, pour faire reconnaître, aux plus subtils détours du Cosmos infini, les liens les plus ténus de l’enchaînement des individuations. Il a fallu que le sentiment d’une œuvre incomparable se fît décisivement jour, pour que l’Angleterre, biblique, lui ait ouvert les portes de Westminster. Pour Lamarck, ses restes avaient été jetés à la fosse commune… Méditez.
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