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l’évolution

Lamarck, eut le grand honneur de rassembler sur son nom le principal effort de la bataille, et le silence se fit sur la grave question de savoir si nous descendions de Jahveh, par Moïse, ou de la planète mère par l’entremise de quelque pithécanthrope non dénommé.

La succession des formes, dans la vie animale des terrains archéens et primaires, révèle avec un éclat d’évidence les progressions des organismes, du plus simple au plus complexe, en des séries de structures périodiquement hiérarchisées. Rencontres de hasard ou enchaînements révélateurs de filiations organiques ? La réponse n’est plus douteuse.

On sait que la marche s’ouvre, dans les sédiments primitifs, par les invertébrés, éponges, coraux, mollusques, trilobites, avec des débris de végétations. La suite nous donnera le développement des formes d’abord apparues. À mesure, en effet, que nous nous élevons vers la surface actuelle, nous allons rencontrer des crustacés géants, des animaux marins à carapaces sans mâchoire inférieure ni paires de nageoires, des poissons cuirassés. Plus tard, aux terrains supérieurs, les premiers animaux respirant à l’air libre, des poissons, premiers vestiges des vertébrés, poissons volants, scorpions. Des amphibiens dans le terrain carbonifère. Au-dessus d’eux, les reptiles, dont le thériodonte avec une dentition de fauve (incisives, canines et molaires), l’ornithorynque et l’échidné, deux mammifères ovipares, les reptiles ailés (ptérodactyles), les oiseaux, les anthropoïdes, le pithécanthrope, l’homme du quaternaire et même d’auparavant peut-être, qui prépare l’homme actuel sans y penser.

Avec la nouveauté des terrains, toutes les variations, toutes les complexités se présentent. Les trilobites surabondent aux formations récentes, tandis que persisteront annélides et brachiopodes. Des vers se sont maintenus. Certains poissons disparaissent avec les conditions nouvelles du milieu. D’autres traversent tous les étages jusqu’à nos jours. Partout s’atteste la continuité d’une vie évolutive, confirmée par les décisifs témoignages de l’embryologie. À un certain stage, nous trouverons une remarquable similitude entre les embryons de la tortue, de l’oiseau, du chien,

    tinctes créées dès le début par l’Être infini. » C’est la doctrine qui fut reprise par Cuvier, pour succomber entre ses mains.