Page:Clemenceau - Au soir de la pensée, 1927, Tome 2.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114
au soir de la pensée

mènes. Qu’en pouvons-nous connaître ? Observations ou hypothèses, à quels degrés de « connaissance » pouvons-nous nous élever ? Quelle histoire de ces astres ? Quelles généralisations de leurs vies ? Quelle philosophie de l’univers ? Que va faire de nous la tentative de pénétrer jusqu’aux mystères de ses ressorts ?

Aux détentes titanesques des convulsions sans mesures, nous pourrons élaborer des indications élémentaires, mais l’imagination la plus puissante n’en saurait composer le tableau. En construire une ébauche de généralisation dans ses maîtresses données est une opération qui a tenté les grandes intelligences. Cependant, malgré l’admirable essor des découvertes récentes, dans tous les domaines de la connaissance, l’entreprise demeure toujours à renouveler. Arrhénius, après tant d’autres, a voulu tenter sa chance, et ce n’a pas été sans succès. Les lecteurs désireux de pousser au delà de mes notes sommaires ne regretteront pas de s’adresser directement à lui.

L’astronomie, la physique, la chimie de nos étoiles, qui sont des soleils à des degrés divers d’évolutions, voudraient des développements étendus. À lui seul, l’astre central de notre système solaire réclame des recherches profondément poussées. Pour essayer de fixer quelques-uns des rapports élémentaires, je dois me borner aux constatations qui s’imposent. Qu’on se reporte aux tableaux d’astronomie si remarquablement résumés dans l’ouvrage du savant suédois[1]. Photosphère, chromosphère, taches, protubérances[2], j’écarte toute analyse du phénomène solaire, me bornant à prendre acte de la translation du système dans la direction de la Lyre et la vitesse de 20 kilomètres à la seconde. Arrhénius a douté d’abord qu’il en résultât pour nous des chances notables de rencontres comme dans l’exemple de la Nova Persœi[3] où nous avons vraiment vu deux astres s’entrechoquer. D’autres cas se sont présentés, assez nombreux, non moins clairs. Il faut leur reconnaître, dans la fantastique aventure, mieux qu’une valeur d’imprévu.

Toute vie, tout mouvement planétaire (sauf les marées) sont sous la dépendance du rayonnement solaire. La réserve d’énergie

  1. L’Évolution des mondes.
  2. De 500 000 à 850 000 kilomètres d’étendue.
  3. Les Novœ sont ces étoiles nouvelles nées des rencontres d’astres.