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CHAPITRE XII


L’ÉVOLUTION


I

CYCLES COSMIQUES ET COMPOSANTES


Le mot évolution, tout proche du mot développement, est d’une métaphore si simple que le sens n’a pas besoin d’en être expliqué. Une perpétuelle succession de devenirs enchaînés. Les activités cosmiques s’engendrent-elles les unes des autres ? Ou sont-elles étrangères, les unes aux autres, de manifestation à manifestation ?

Les phénomènes se succèdent, indépendants ou dépendants, c’est le problème que l’évolution doit résoudre, en affirmant l’étroite coordination sous les lois de laquelle nous les trouvons invinciblement liés. Les pourrait-on comprendre autrement disposés ? Comment concevoir un ensemble si les parties n’en sont coordonnées ? Le monde, en ce dernier cas, ne pourrait être que d’unités juxtaposées, sans détermination possible de rapports, puisque la juxtaposition elle-même, faute d’une loi générale, ne saurait exister.

Mieux encore. Les phénomènes étant de mouvements[1], chaque mouvement, s’il était sans correspondance, devrait être,

  1. « Entre un corps mû et un autre corps mû, c’est suivant les rapports de la masse et de la vitesse que tous ces mouvements sont reçus, augmentés, diminués, perdus : chaque diversité est uniformité, chaque changement est constance. » Montesquieu, L’Esprit des lois.