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notre planète

de formules métaphysiquement souveraines, couronnées d’une contre-partie de récompenses et de châtiments éternels ? Et cela, pour nous confier aux douloureuses directions de vérités approximatives dont la révision n’aura pas de fin ? Est-ce donc là que nous pouvons mettre la joie du plus haut emploi de nos plus hautes facultés ? Je réponds affirmativement, sans hésitation.

Bruyamment confiante dans les splendeurs d’une envolée d’imagination, et sans aucun souci de vaines déformations de « pensée », la foule, aux ankyloses ataviques, se maintiendra, sous la conduite des organisations intéressées, dans l’état mental des âges où le dire tenait lieu du penser. Cependant, comment tout cela pourrait-il prévaloir contre l’irréductible objectivité d’expérience qui, sauf effondrement de l’intelligence humaine, doit finir par s’imposer ?

Vienne donc le courage d’aborder résolument l’obstacle. Réagir et sentir en relations, c’est la vie de tout élément, y compris le phénomène de la connaissance. Le rêve est prompt à dépasser le but, l’expérience lente à suivre la juste direction. Nous n’avons plus de choix, depuis qu’à la stérilité des théologies l’enquête de positivité a répondu par une prodigieuse coordination d’observations contrôlées dont le poids est décisif dans les oscillations de la balance. Il n’y manque plus que la suprême et inévitable transformation des émotivités qui suivront, pas à pas, les nouveaux développements de l’intelligence humaine.