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AU SOIR DE LA PENSÉE

gements d’aspects paraissent annoncer des séries de périodes à interpréter. Toutes les catégories d’étoiles (il y en a beaucoup) ont une histoire d’hypothèses dont les chances nous sont une aide dans nos tentatives d’une conception générale des indications spectroscopiques qui suggèrent un ordre de phases évolutives. Faut-il ajouter que les agglomérations d’hélium et d’hydrogène, dans les atmosphères stellaires, apportent leurs contingents de phénomènes comme le carbone, plus tard, et ses combinaisons chimiques, dès que l’abaissement de la température leur permettra d’entrer en jeu ?

Je suis bien loin de méconnaître qu’il y a dans tout cela un immense assemblage, plus ou moins cohérent, d’hypothèses attendant des recoupements de vérifications. Il s’y trouve de même un nombre incalculable d’observations suggestives, et ceux qui essayent péniblement encore de se maintenir dans les puérilités de Moïse auraient vraiment trop mauvaise grâce à le contester. Je vous renvoie, pour une juste appréciation de l’effort scientifique, aux études de M. Henri Poincaré sur les hypothèses cosmogoniques. Mon dessein, ici, est simplement de noter des coordinations d’états de mentalité scientifique à mettre en regard des rêveries primitives où la tradition ancestrale prétend nous maintenir, contre l’évidence des observations vérifiées.

Synthèse de fragments.

Laplace, frappé de ce que « les mouvements des planètes autour du soleil et le mouvement de rotation du soleil sur lui-même, se font dans le même sens, et presque dans le même plan, » en tire sa fameuse hypothèse de l’axe central enveloppé d’une substance continue jusqu’au delà de l’orbe de la planète la plus éloignée. L’existence d’un noyau de condensation fortifiait puissamment cette idée. La nébuleuse diffuse, précédée peut-être de la nébuleuse invisible, aurait été le premier stade de l’évolution par voie de condensation. « Le point capital de la doctrine, observe le savant, est l’accord rigoureux des résultats avec les phénomènes ».