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COSMOGONIES

Ces hommes, que nous dénommons « Dravidiens », que les Védas désignent sous le nom de « Dasyus » ou « Asuras », dont la culture fut détruite de fond en comble, au cours du deuxième ou du troisième millénaire avant J.-C. par les envahisseurs Aryens venus du Nord — exactement comme l’antique culture égéenne de la Méditerranée, qui offre, à beaucoup d’égards, une ressemblance frappante avec cette culture indienne, fut, en grande partie, anéantie par les invasions des Achéens.

Quelle que fût l’origine de cette race, elle semble, d’après les témoignages que nous possédons, avoir eu aussi peu de ressemblance avec les occupants modernes du Sind que les Sumériens avec les habitants actuels du sud de la Mésopotamie. C’est ainsi que deux statues d’hommes barbus, qui viennent d’être exhumées des fouilles de Mohenjo-Daro, figurent un type très distinct de brachycéphalie avec un front remarquablement bas[1], un nez proéminent, des lèvres charnues, des yeux étroits et obliques[2]. Le même type se retrouve dans des figurines de terre cuite trouvées à Mohenjo-Daro et à Harappa. »

On voit quel champ de découvertes s’ouvre à nos explorateurs. Je n’ai donné, sur les mouvements parallèles et peut-être conjugués de l’Inde et de la Grèce, que de très brèves indications, et pour cause. Les rapprochements seraient plus aisés pour l’Égypte et la Mésopotamie. Il faut savoir se borner. Nous ne sommes pas prêts encore pour les généralisations préhistoriques qui nous permettront peut-être, un jour, de déterminer d’obscurs enchaînements dans les évolutions de l’espèce humaine.

Mouvements de peuples, mouvements de pensées.

J’ai dû me contenter de quelques brèves remarques, au passage, sur les cosmogonies les plus connues : celles de la Chaldée, de l’Égypte, de l’Inde, de l’Hellénisme, d’Israël. Des transmissions de ces premiers trésors d’interprétations rudimentaires

  1. La très curieuse image en est reproduite par le Times.
  2. On peut y ajouter le trait d’une mâchoire remarquablement lourde.