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COSMOGONIES

Les premiers mouvements de l’homme au delà des mentalités animales furent, sans doute, d’une progression très lente jusqu’au jour où le rideau se déchira qui cachait aux yeux obscurcis les voies de la plus élémentaire analyse du monde extérieur. Alors, le phénomène humain apparut d’une recherche de causalité, c’est-à-dire d’une détermination du phénomène antécédent en route vers le phénomène conséquent. Chanceuse rencontre avant la recherche méthodique encore si lointaine.

Aussitôt que les liens des choses commencèrent d’être vaguement reconnus, un théâtre nouveau vint s’offrir aux tâtonnements de la pensée. L’idée simpliste d’un univers à l’usage de l’humanité, l’idée d’un Cosmos restreint à la terre et à ses astres, avec l’homme au point central, devait naturellement s’offrir pour justifier, d’un thème de vraisemblance imaginative, tout un déchaînement d’inconnu. Si bien que l’agrégation d’apparences, spontanément constituées en un corps de métaphysique « explicative », se trouva prête à fournir des bégaiements de réponses avant que les questions pussent être expérimentalement formulées.

Des réponses nécessairement faussées, puisque les questions, chaotiques, ne pouvaient comporter ni précisions ni coordinations de données positives. Réponses de même qualité que les demandes, bien qu’un incommensurable progrès fut dans l’interrogation des choses, impliquant les débuts d’un enchaînement d’idées. En résumé, l’homme, « centre du monde », entendait se


    logie » ne pouvait être que de métaphysique. Quand la doctrine de l’évolution s’est fait jour, l’enchaînement des réactions de sensibilité a fait apparaître de tels mouvements organiques de rapports que la nécessité d’une discipline nouvelle s’impose désormais aux naissantes ambitions de l’esprit de positivité. C’est ce que j’essaye d’indiquer quand je parle d’une « psychologie comparée » qui, faisant appel à l’observation des activités organiques dans les évolutions de la descendance, nous délivre des tautologies de la métaphysique pour installer l’étude du dynamisme mental dans l’ordre général de la biologie.

    Comme on le verra plus loin, l’école de Jacques Lœb a magnifiquement ouvert la voie dans cette direction. L’Allemagne, l’Amérique, la France se sont signalées par d’importants travaux. Je dois mettre à son rang une remarquable publication de M. Georges Dumas, qui s’est adjoint jusqu’à vingt-cinq collaborateurs des plus qualifiés pour un Traité de psychologie, en vue d’instituer, dans l’ordre dispersif, sans perdre les liens de la cohérence, des alignements d’observation à utiliser dans les constructions laborieuses de la science en formation.