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LES SYMBOLES

Le Swastika.

Cependant, il fallait passer du « moteur immobile », comme dit Aristote, à l’expression du mouvement. Les bras de la croix achevés de flèches, ainsi que les rayons partant de la circonférence du disque, en furent une formelle indication. La rotation de l’astre étant inconnue, sa translation apparente, avec la régularité de son retour quotidien, conduisit au signe plus savant de la croix gammée[1], le fameux Swastika qui accusera la continuité du mouvement par un crochet à angle droit (de gauche à droite, c’est-à-dire dans le sens de la marche du soleil) à l’extrémité de chaque bras de la croix. L’appareil figurerait ainsi la jante d’une roue en action. C’est ce qui achemina les esprits vers la symbolisation capitale de l’éternelle succession des êtres, dont Bouddha, après les Brahmanes et leur métempsychose, fit, de sa doctrine, le point culminant. Qu’on ne s’étonne donc point si, pour compléter le Swastika, le Sauwastika, à crochets en sens inverse, vient à symboliser la course du soleil sous l’horizon, qui lui permet de rejoindre l’aurore du lendemain. Le symbole de la Roue se trouvait ainsi achevé.

On rencontre le Swastika chez tous les peuples de l’histoire, dans tous les temps, sauf peut-être en Égypte, en Assyrie, en Phénicie, en Chaldée. Il est par excellence un symbole aryen[2].

  1. « Gammée », parce que l’ensemble figure quatre gammas joints par les pieds.
  2. La croix gammée, ou Swastika, répandue en Chine, connue en tous lieux, nous a été donnée pour l’instrument de l’Arani indien, appareil dont on obtient le feu par l’énergique friction d’une pointe de bois dur dans l’entaille d’un bois tendre. Je me permets de croire qu’il y a là, une erreur. Au Soudan égyptien et dans l’Inde, j’ai vu maintes fois fonctionner l’Arani, sur ma demande d’ailleurs, car il est généralement remplacé par une allumette vulgaire. L’indigène à qui l’on s’adresse va ramasser n’importe où une baguette de bois dur et une baguette de bois tendre, taille la première en pointe, pratique un trou dans l’autre avec sa lance, et la rapide friction par le jeu des deux mains ne tarde pas à, faire jaillir l’étincelle. Je n’ai pas vu trace d’un symbole dans cette affaire. La croix, gammée ou non, ne semble avoir ici aucune raison d’être. Pourquoi