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AU SOIR DE LA PENSÉE

sance », que dans l’état d’un même mouvement vibratoire producteur d’unisson. C’est le phénomène de la résonnance, universellement répandu, dont les effets varient avec les formes et les compositions d’énergies. À nos tables de réceptivité nerveuse, un temps de résonnance fait un temps d’assimilation, de fusion, d’identification constituant l’état organique de la connaissance. « Comprendre, c’est égaler », aurait dit Raphaël. Peut-être pourrait-on dire plus exactement encore que comprendre c’est s’identifier.

Dans les réactions de l’homme au monde extérieur, conscience et connaissance seront ainsi des phénomènes de synchronisme organique, ni plus ni moins « merveilleux » que tous autres phénomènes d’ordre organique ou même inorganique.

En résumé, le monde se révèle en des vibrations dont les ondes s’échangent sans relâche, comme pour les répliques d’un acte de présence de chacun à tous et de tous à chacun. Inconscience ou conscience rudimentaire dans l’ordre inorganique, avec ses accusés de réception chimiques que nous pouvons fixer par la photographie, et qui sont la formule assez claire d’un manifeste « Je suis là ». Conscience plus ou moins accentuée quand l’onde vibratoire rencontrera la cellule nerveuse plus ou moins délicatement sensibilisée. La surface qui reçoit l’image dont le sort — dans cet ouragan de figures emmêlées, aussitôt évanouies qu’apparues — sera de n’être jamais décelée, n’en aura pas moins quelque forme chimique d’une connaissance inorganique de l’objet dont la radiation la met en mouvement. Elle réagira obscurément au choc, tandis que la sensibilité de l’organisme nerveux s’étalera en de subtils affinements de vibrations où se manifesteront les accords de la connaissance humaine.

Que notre sensibilité réagisse en sensations et que ces sensations, dans l’appareil vibratoire des neurones, se traduisent, pour nous, en des gammes d’images nous donnant l’impression d’une continuité, cela ne peut faire l’objet d’aucune contestation. Ces images, nous les connaissons. Ce sont bien celles que nous avons rencontrées sur la plaque sensibilisée où les fixe la chimie révélatrice de la photographie. Quand je les arrête au passage sur l’écran sensibilisé de mes neurones sensitifs, il échoit à l’activité organique de faire ici office de révélateur.

Pour quel emploi ultérieur cette succession d’ébauches plus