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CONNAÎTRE

pason A. On pourra dire alors que le diapason B a connaissance du diapason A. Si le diapason B n’a pas la même période vibratoire que le diapason A, les impulsions reçues ne seront plus concordantes. Elles se contrarieront, et faute d’un nombre suffisant d’ondes agissant dans le même sens, l’inertie du diapason B ne sera pas vaincue. Il restera donc muet. En d’autres termes, il n’aura pas connaissance du diapason A.

C’est de la même façon que la voix d’un chanteur entraîne, dans le piano, la vibration de la corde qui est à l’unisson. Ainsi, encore, l’aboiement d’un chien fera vibrer les parois d’un verre accordé sur sa voix. Selon que la période vibratoire sera identique ou différente, le piano connaîtra le chanteur, le verre connaîtra le chien ou ne le connaîtra pas.

Peut-on n’être pas frappé de l’analogie des phénomènes dans la transmission des ondes vibratoires du diapason mondial au diapason nerveux ? Suivant que les vibrations du dehors et les vibrations du dedans (dénommées sensations) arriveront ou non à l’unisson qui les conjugue, le synchronisme des vibrations des neurones sensitifs avec les vibrations des éléments cosmiques feront notre connaissance des choses, pour nous laisser retomber dans la nescience ou la méconnaissance, au premier désaccord.

La connaissance sera ainsi un système d’accords vibratoires, qui laisseront place pour la méconnaissance en des rencontres de vibrations désaccordées. Les ondes cosmiques d’évolutions continues ne peuvent agir efficacement sur nos ondes organiques d’évolutions continues, pour un effet de « connais-

    impulsion, l’effet de cette impulsion ne s’ajoute pas en général à l’effet de la première. Après une suite d’impulsions données au hasard, le mouvement reste très faible. Mais si le sonneur donne la deuxième impulsion juste au moment où la cloche repasse, et dans le sens voulu par sa position initiale, l’effet de la deuxième impulsion, au lieu de contrarier celui de la première, s’y ajoute et l’amplitude va être doublée.

    De même la troisième impulsion pourra ajouter son effet, et ainsi de suite, à la condition que le sonneur ait exactement le rythme propre de la cloche. Alors, il y a résonnance, et le mouvement de la cloche va croissant, jusqu’à ce que les frottements imposent une limite à l’amplitude.

    La théorie est la même pour toute résonnance, pour les oscillations électriques par exemple. La photographie ne serait que la fixation d’un phénomène de résonnance visuelle. (Note bienveillamment communiquée par un éminent physicien.)