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LES DIEUX, LES LOIS

nités de théâtre, au lieu des âpres jouissances de l’heure vécue. J’en suis désolé pour les belles âmes professionnelles qui se fabriquent des mouvements, oratoires à trop bon compte. Mais si l’on cherche à vivre une simple moyenne de vertus acceptables hors des pompes de la publicité, on se heurte d’abord à des rencontres d’intérêts exigeant des atténuations d’altruisme dont notre élémentaire idéalisme devrait être choqué.

Le fondement de la morale universelle se résume en une formule simple. Il nous faut vivre avec nos semblables. Vivre à leur détriment, à leur profit, ou d’un concours réciproque d’entr’aide. Serait-il donc embarrassant de prendre parti ? C’est notre orgueil de sentir, jusqu’aux raffinements, la valeur de notre énergie. Nous n’avons que le choix de nous dépenser pour nous-mêmes ou pour nos prochains. L’état social ne permettant pas l’égoïsme total, puisque l’effort simultané de tous le retournerait contre l’individu, l’accord (au moins, théorique) d’une réciprocité s’impose dès qu’on est en mesure de formuler une règle de vie organisée.

Nous pouvons assez clairement voir que de la parole à l’acte, il y a loin encore. Combien sont-ils qui se font gloire du précepte pour s’en embarrasser le moins possible dans la pratique de l’existence ? De contrainte ou de bonne grâce, la foule se tiendra, vaille que vaille, aux formules banales, sans trop s’embarrasser de leur application. Seule, l’élite se piquera de faire mieux. Payer l’impôt et ne pas entreprendre trop ouvertement sur le voisin ne nous ennoblit pas d’une façon suffisante à nos propres yeux. De tenter au delà, assez d’occasions se présentent. L’altruisme voit multiplier de toutes parts ses chances. L’occasion d’aider, d’aimer, s’offrira sans trop de peine à l’homme de cœur, et beaucoup seront surpris de découvrir que la plus grande joie, de l’homme est de se donner.

J’ai déjà constaté que les recommandations d’entr’aide sont de tous les temps, de tous les lieux. Nous les voyons quotidiennement mises en pratique, même chez les animaux, sans qu’aucun prophète ait entrepris de les leur prêcher ? N’est-ce pas le sentiment d’une solidarité profonde qui unit les communes fragilités des organismes vivants aux prises avec les concurrences du dehors ? Est-ce donc là qu’il convient d’arrêter notre compte de morale à l’égard du « prochain ? » N’y a-t-il rien de plus à