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d’être méchant et que les voisins, abusant de sa simplicité, en faisaient ce qu’ils voulaient. Au reste, il était bien fait de sa personne, jeune, fort comme un cheval et d’une figure assez avenante pour tenter quiconque n’aurait point eu de dégoût pour la malpropreté et les guenilles.

Nous lui avions souvent acheté des fleurs par pure compassion ; mais Louisa, qu’un autre motif excitait alors, ayant pris deux de ses bouquets, lui présenta malicieusement une demi-couronne à changer. Dick, qui n’avait pas le premier sou, se grattait l’oreille et donnait à entendre, par son embarras, qu’il ne pouvait fournir la monnaie d’une si grosse pièce. « Eh bien ! mon enfant, lui dit Louisa, monte avec moi, je te paierai. » En même temps elle me fit signe de la suivre et m’avoua, chemin faisant, qu’elle se sentait une étrange curiosité de savoir si la nature ne l’avait pas dédommagé, par quelque don particulier du corps, de la privation de la parole et des facultés intellectuelles. La scrupuleuse modestie n’ayant jamais été mon vice, loin de m’opposer à une pareille lubie, je trouvai cette idée si plaisante que je ne fus pas moins empressée qu’elle à m’éclaircir sur ce point. J’eus même la vanité de vouloir être la première à faire la vérification des pièces. Suivant cet accord, dès que nous eûmes fermé la porte, je commençai l’attaque en lui faisant des petites niches et employant les moyens les plus capables de l’émouvoir. Il parut d’abord, à sa mine honteuse et interdite, à ses regards sauvages et effarés, que le badinage ne lui plaisait pas ; mais je fis tant par mes caresses que je l’apprivoisai et le mis insensiblement en humeur. Un rire innocent et niais annonçait le plaisir que la nouveauté de cette scène lui faisait. Le ravissement stupide où il était l’avait rendu si docile et si traitable qu’il me laissa faire tout ce que je voulus. J’avais déjà senti la douceur de sa peau à travers