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chaise, sans pouvoir dissiper l’ardeur de l’endroit où s’étaient concentrés, je crois, tous les esprits vitaux de mon corps.

Mr. Barville, qui lisait dans mes yeux la crise où j’étais et qui, par expérience, en connaissait la cause, eut pitié de moi. Il tira la table, essaya de ranimer ses esprits et de les provoquer, mais ils ne voulurent pas céder à ses instances : sa machine était comme ces toupies qui ne tiennent debout qu’à coups de fouet. Il fallut donc en venir aux verges, dont j’usai de bon cœur et dont je vis bientôt les effets. Il se hâta de m’en donner les bénéfices.

Mes pauvres fesses ne pouvant souffrir la dureté du banc sur lequel Mr. Barville me clouait, je dus me lever pour me placer la tête sur une chaise ; cette posture nouvelle fut encore infructueuse, car je ne pouvais supporter de contact avec la partie meurtrie. Que faire alors ? Nous haletions tous deux, tous deux nous étions en furie, mais le plaisir est inventif : il me prit tout d’un coup, me mit nue, plaça un coussin près du feu et, me tournant sens dessus dessous, il entrelaça mes jambes autour de son cou, si bien que je ne touchais à terre que par la tête et les mains. Quoique cette posture ne fût point du tout agréable, notre imagination était si échauffée et il y allait de si bon cœur qu’il me fit oublier ma douleur et ma position forcée. Je fus ainsi délivrée de ces insupportables aiguillons qui m’avaient presque rendue folle, et la fermentation de mes sens se calma instantanément.

J’avais donc achevé cette scène plus agréablement que je n’avais osé l’espérer et je fus surtout fort contente des louanges que Mr. Barville donna à ma constance et du présent magnifique qu’il me fit, sans compter la généreuse récompense que Mme Cole en obtint.

Je ne fus cependant pas tentée de recommencer aussitôt