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semaine. Elle le reçoit dans le cabinet clair du premier étage ; on l’attend demain. Je veux vous faire voir ce qui se passe entre eux, d’une place qui n’est connue que de Mistress Brown et de moi. ».

Le jour suivant, Phœbe, ponctuelle à remplir sa promesse, me conduisit par l’escalier dérobé dans un réduit obscur où l’on mettait en réserve de vieux meubles et quelques caisses de liqueurs et d’où nous pouvions voir sans être vues. Les acteurs parurent bientôt, et après de mutuelles embrassades de part et d’autre, il la conduisit jusqu’au lit de repos, en face de nous ; tous deux s’y assirent, et le jeune Génois servit du vin avec des biscuits de Naples sur un plateau ; puis, après quelques questions qu’il fit en mauvais anglais, il la déshabilla jusqu’à la chemise ; Polly, à son exemple, en fit autant avec toute la diligence possible. Alors, comme s’il eût été jaloux du linge qui la couvrait encore, il la mit en un clin d’œil toute nue et exposa à nos regards les membres les mieux proportionnés et les plus beaux qu’il fût possible de voir. La jeune fille, qui était, je le suppose, très habituée à ce procédé, rougit, il est vrai, mais pas autant que moi-même lorsque je pus la contempler debout et toute nue, avec sa chevelure noire dénouée et flottante sur un cou et des épaules d’une blancheur éblouissante, tandis que la carnation plus foncée de ses joues prenait graduellement un ton de neige glacée ; car telles étaient les teintes variées et le poli de sa peau.

Polly n’avait pas plus de dix-huit ans. Les traits de son visage étaient réguliers, délicats et doux, sa gorge était blanche comme la neige, parfaitement ronde et assez ferme pour se soutenir d’elle-même sans aucun secours artificiel ; deux charmants boutons de corail, distants l’un de l’autre, pointés en sens divers, en faisaient remarquer la séparation.

Au-dessous se profilait la délicieuse région du ventre, terminée