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Pendant la chaleur de l’action, glissant ma main sous ma chemise, j’enflammai le point central de ma sensibilité et je tombai tout à coup dans cette délicieuse extase où la nature, accablée de plaisir, semble se confondre et s’anéantir.

Quand j’eus assez repris mes sens pour être attentive au reste de la fête, j’aperçus la vieille dame embrassant comme une forcenée son grenadier qui paraissait en cet instant plus rebuté que touché de ses caresses. Mais une rasade d’un cordial qu’elle lui fit avaler et certain mouvement officieux lui rendirent bientôt son premier état. Alors j’eus tout le loisir de remarquer le mécanisme admirable de cette partie essentielle de l’homme. Le sommet écarlate de l’instrument, ses dimensions, un buisson qui en ombrageait la racine, joint au vaste gousset qui l’accompagnait, tout fixa mon attention et augmenta mes transports, qui ne firent que s’accroître par l’aspect des plaisirs d’un second combat, que ma position me fit voir distinctement.

Avant de congédier son gars, Mistress Brown lui mit trois ou quatre pièces de monnaie dans la main.

Le drôle était non seulement son favori, mais celui de toute la maison.

Elle avait eu grand soin de me tenir cachée, de crainte qu’il n’eût pas la patience d’attendre l’arrivée du lord à qui mes prémices étaient destinées, car on ne se serait point avisé de lui disputer son droit d’aubaine.

Aussitôt qu’ils furent descendus, je volai à ma chambre, où, m’étant enfermée, je me livrai intérieurement aux douces émotions qu’avait fait naître en mon cœur le spectacle dont je venais d’être témoin. Je me jetai sur mon lit dans une agitation insupportable, et ne pouvant résister au feu qui me dévorait, j’eus recours à la triste ressource du manuel des solitaires ; mais malgré mon impatience, la douleur causée par l’attouchement intérieur m’empêcha de poursuivre