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« Le Temple de Flore est composé du même nombre de nonnes, qui sont toutes jeunes, jolies et fraîches comme la déesse dont cette maison porte le titre. Elles ont au premier abord un air de décence qui vous charme ; mais dans le tête-à-tête elles sont d’une vivacité, d’une gaieté, d’une complaisance et d’une volupté inconcevables ; elles sont également si affables, si spirituelles et si enjouées que les visiteurs sont souvent incertains sur leur choix ; elles vivent ensemble de bonne union et sans rivalité. Miss Fa…kl…d pour entretenir entre elles la meilleure intelligence et pour ne point les rendre jalouses les unes des autres par le plus ou moins de visiteurs à leur égard, a établi pour loi fondamentale de leur ordre d’apporter en bourse commune les gratifications que leur font les visiteurs au delà du prix convenu, lesquelles sont, au fur et à mesure, inscrites sur un registre, versées ensuite dans un coffre destiné à cet usage, et partagées entre elles, par portions égales, le premier de chaque mois ; si par hasard l’une d’entre elles (ce qui n’est pas encore arrivé) se trouvait convaincue d’avoir frustré la somme ou même une partie de la somme qui lui aurait été remise, elle serait sur-le-champ renvoyée par Miss Fa…kl…d, et tous les bénéfices qu’elle a reçus depuis le moment où elle est entrée dans ce temple jusqu’à cette époque lui seraient confisqués par Miss Fa…kl…d et partagés, sous ses yeux, entre ses camarades. Cette loi rigoureuse qu’elles jurent, lors de leur admission dans le sérail, de remplir scrupuleusement, établit parmi elles la franchise la plus sincère et les exempte de reproches et explications de préférence qu’elles pourraient continuellement se faire.

« Ces nonnes sont entièrement libres de quitter le sérail lorsqu’il leur plaît. Miss Fa…kl…d ne suit point, à leur égard, la règle commune des autres abbesses des séminaires,