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du génie à la guerre.

donc qu’un caractère fort est celui qui, même dans les émotions les plus violentes, ne sort pas de son équilibre.

Lorsque l’on examine les hommes au point de vue de la diversité de leurs caractères, on découvre quatre catégories d’individus :

1o Les hommes flegmatiques ou indolents dont l’activité est très limitée ;

2o Les hommes très actifs, mais de nature calme et tranquille et dont les sentiments ne dépassent jamais une certaine force ;

3o Les hommes très ardents dont les sentiments ont à la fois la violence, la promptitude et le peu de durée de l’inflammation de la poudre ;

4o Enfin les hommes aux passions énergiques, profondes et cachées, qui n’obéissent qu’aux fortes incitations et ne se mettent en général que lentement et progressivement en mouvement, mais dont les sentiments ont autant de puissance que de durée.

Cette diversité de la constitution morale a vraisemblablement son origine aux confins mêmes des forces physiques qui se meuvent dans l’organisme de l’homme, et procède sans doute de la dualité de la nature de celui-ci, c’est-à-dire du système nerveux qui semble d’un côté le rattacher à la matière et de l’autre à l’esprit. Nos faibles lumières ne nous permettent pas de pénétrer dans ces régions mystérieuses, mais nous pouvons du moins nous arrêter quelques instants à l’examen de ces variétés du caractère de l’homme, afin de nous rendre compte des modifications qu’elles introduisent dans son activité et du degré de force d’âme que l’on peut attendre de chacune d’elles à la guerre.


Les hommes indolents restent généralement maîtres d’eux-mêmes mais, comme ils ne témoignent d’aucune