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du génie à la guerre.

tient pas moins aux plus nobles sentiments, et c’est elle qui constitue le souffle vital qui anime ces corps énormes que l’on nomme des armées. Les autres aspirations de l’âme, l’amour de la patrie, la soif de revanche, le fanatisme des idées et les enthousiasmes de tout ordre, si supérieures qu’elles puissent paraître et si générales qu’elles puissent devenir, ne sauraient cependant conduire à d’aussi grands résultats. Elles peuvent bien, il est vrai, exciter et exalter davantage les masses, mais elles n’incitent pas, comme la soif de gloire et d’honneur, les chefs de tout ordre à rivaliser de zèle, de force de volonté, d’énergie et de courage pour se surpasser les uns les autres, ce qui est la condition essentielle de l’élévation du grade qu’ils occupent s’ils y doivent rendre tout ce que réellement ils peuvent donner ; elles ne font pas que chacun d’eux considère la portion du résultat général qu’il peut personnellement atteindre, comme son bien propre, qu’il prépare, laboure et ensemence de son mieux pour en tirer intégralement tout ce qu’il est susceptible de produire. Or ce sont précisément ces efforts, cette émulation, ce stimulant, cette industrie, pourrait-on dire, qui vivifient l’activité d’une armée et la rendent féconde. Enfin, pour ce qui est particulièrement du commandement en chef, nous nous bornerons à demander si l’on vit jamais un grand général sans ambition, et s’il est même possible d’admettre qu’il s’en présentera jamais un ?


La fermeté indique la résistance de la volonté par rapport à une épreuve isolément considérée dans l’acte de guerre, mais, lorsque cette résistance s’étend à la totalité des épreuves, c’est-à-dire à la durée entière de la lutte, elle prend le nom de persévérance. Bien que ces deux manifestations de la volonté aient assez d’affinité entre elles pour que dans l’usage habituel on prenne