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de la nature de la guerre.

elle indique la rapidité de l’assistance que l’esprit prête au raisonnement.

Bien que, comme le montrent les deux exemples que nous venons de citer, cette brillante qualité semble dans certains cas ressortir davantage à l’intelligence et dans certains autres à l’équilibre du caractère, elle procède, en somme, de l’une et de l’autre de ces deux forces.


Il suffit d’embrasser dans leur ensemble les quatre éléments dont se compose l’atmosphère de la guerre : le danger, les efforts physiques, l’incertitude et le hasard, pour se rendre compte de l’extrême force morale dont il faut être doué pour marcher au succès avec confiance et résolution dans un pareil milieu. C’est cette force que, selon les formes diverses qu’elle revêt, les historiographes et les narrateurs d’événements militaires désignent dans leurs rapports et dans leurs récits sous les noms d’énergie, de fermeté, de persévérance et de puissance de caractère. Quelque affinité que ces différentes manifestations de la nature des héros aient entre elles, on se tromperait si on les considérait comme de simples variétés d’une seule et même force de la volonté ; elles ont chacune leur caractère particulier, à la recherche duquel nous allons procéder pour parfaire cette étude des diverses forces de l’âme à la guerre.

Tout d’abord, afin de ne point courir le risque de n’être pas compris dans ce que nous avons à dire de la force de caractère par rapport au commandement, nous devons faire remarquer que le poids, la charge que le chef a à supporter ou, si l’on préfère, la résistance qu’il a à vaincre ne provient que pour la plus faible partie de l’activité, de l’action, de la résistance de l’ennemi. Que celui-ci, en effet, résiste six heures au lieu de trois, cela ne saurait exercer une bien grande influence sur le