Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, IV.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.
39
du but et du moyen à la guerre.

d’en considérer l’occupation comme un avantage, et si cet avantage est assez grand pour inquiéter l’ennemi sur le résultat final, on peut déjà le regarder comme un acheminement vers la paix.

Lorsqu’on y peut recourir, les opérations militaires qui appuient directement l’action de la politique constituent un moyen spécial beaucoup plus expéditif que les précédents de se donner la vraisemblance du résultat. On comprend bien, en effet, que si ces opérations nous permettent d’établir un courant politique en notre faveur, de paralyser ou de rompre les alliances de l’ennemi ou de nous en créer à nous-mêmes de nouvelles, etc., etc., etc., elles augmenteront considérablement pour nous les probabilités du résultat et nous conduiront, par conséquent, bien plus promptement au but que le renversement même de la force armée de l’adversaire.

Quant à la dépense de forces, et par conséquent à la somme des sacrifices à faire par l’ennemi, on parvient à les augmenter en détruisant sa force armée et en occupant ses provinces.

Un examen plus approfondi de la question fait voir que, précisément parce que ces deux moyens ont chacun leur signification particulière, il peut arriver qu’il en faille modifier la combinaison quand le but change. Dans la majorité des cas, cependant, la différence n’est pas considérable, mais il importe néanmoins de la bien saisir, car, dans la réalité, lorsque les motifs de guerre sont faibles, ce sont souvent les moindres nuances qui décident de la forme qu’il convient le mieux de donner à l’action des forces. Ce que nous cherchons surtout à démontrer ici, c’est que, dans certaines conditions, plusieurs voies peuvent conduire au but sans qu’aucune d’elles implique contradiction, absurdité ou faute.

Indépendamment de ces deux moyens principaux, il