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de la nature de la guerre.

Par la suite, quand nous traiterons du plan de guerre, nous dirons ce qu’il faut entendre par réduire un État à l’impuissance, mais, dès aujourd’hui, nous devons signaler la force armée, le territoire et la volonté de l’adversaire comme constituant les éléments principaux et résumant en eux tous les facteurs de sa résistance.

Il faut détruire la force armée de l’adversaire, c’est-à-dire, et c’est là désormais ce qu’on devra toujours entendre quand nous nous servirons de cette expression, qu’il faut le réduire à une situation telle qu’il ne puisse plus continuer la lutte.

Il faut s’emparer de son territoire, afin qu’il n’y puisse organiser une nouvelle force armée.

Ces deux résultats obtenus, la tension, l’action des forces hostiles existera encore, et la guerre ne pourra pas être considérée comme terminée avant que la volonté de l’adversaire ne soit réduite, c’est-à-dire tant que son gouvernement et ses alliés n’auront pas été contraints à signer la paix, et sa population à l’accepter. Dans ces conditions en effet, et bien même que nous occupions la totalité du territoire, la lutte peut se renouveler, soit dans une forme insurrectionnelle, soit avec l’assistance des alliés. Il est vrai que le phénomène se produit parfois aussi après la signature de la paix, et cela ne prouve qu’une chose, c’est qu’il est des guerres qui ne comportent pas une solution parfaite ; mais, lors même qu’il en est ainsi, dès que la paix est conclue, comme elle a de nombreux partisans dans tous les pays et quelles que soient les conditions de la guerre, l’irritation diminue, la détente se produit, et une quantité de foyers s’éteignent dans lesquels le feu eût, sans cela, continué à couver sous la cendre. Bref, dès que la paix est signée, il convient de considérer le but comme atteint et l’acte de guerre comme terminé.

Des trois éléments de la résistance, la force armée