Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, IV.djvu/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.
29
qu’est-ce que la guerre ?

au lieu de les retenir, il faudra bien plutôt les exciter à l’action.


26. — Toutes les guerres peuvent être considérées comme des actes politiques.

Ainsi, bien que la politique semble entièrement disparaître dans les guerres de la première espèce tandis qu’elle se manifeste ouvertement dans celles de la seconde, on peut cependant affirmer que, dans l’un comme dans l’autre cas, elles ne constituent pas moins des actes politiques. C’est que, en effet, lorsque la politique est ce qu’elle doit être, c’est-à-dire lorsqu’elle est l’intelligence même de l’État, rien ne saurait échapper à son contrôle, et la guerre, quelque intensité qu’elle prenne en raison de l’extrême tension des rapports préexistants, n’en reste pas moins soumise à ses calculs. En d’autres termes, pour que la politique n’exerçât d’autorité que sur les guerres réduites de la seconde espèce, il faudrait qu’elle ne fût qu’une science toute conventionnelle, absolument incompatible avec la violence, et uniquement basée sur la ruse, la dissimulation ou la mauvaise foi.


27. — C’est à ce point de vue qu’il faut se placer pour étudier l’histoire militaire et déterminer les bases de la théorie.

On voit ainsi que la guerre n’est jamais indépendante dans son action, et que, dans toutes les circonstances, il la faut considérer comme l’instrument de la politique. Dès que l’on se place à ce point de vue, l’histoire de la guerre devient intelligible et ne présente plus d’incessantes contradictions. On comprend dès lors, en effet, que les guerres doivent être aussi différentes les unes des autres que les motifs qui les font entreprendre et les rapports qui les précèdent.