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qu’est-ce que la guerre ?

lantes promesses, et, désormais, les coups d’audace et le danger constituent l’élément dans lequel il se précipite, comme un hardi plongeur dans les eaux d’un torrent débordé.

La théorie perdrait toute valeur pratique si, n’édictant que des règles absolues, elle abandonnait ici l’esprit à lui-même. Elle doit prendre en considération le caractère humain, et laisser le jeu qui leur est nécessaire au courage, à la hardiesse, à la témérité même. Ayant affaire à des forces vivantes et à des forces morales, l’art militaire ne peut rien stipuler d’absolu ni de certain, et, partout et toujours, dans les circonstances les plus compliquées comme dans les plus simples, il lui faut faire la part de l’imprévu. C’est alors au courage et à la confiance en soi de grandir avec celui-ci, afin de le neutraliser ou d’en tirer parti, de sorte que plus ces qualités sont éminentes dans le commandement, et plus grande est la part qu’on peut laisser au hasard. Le courage et la confiance en soi sont donc des principes essentiels à la guerre, et, par suite, quels que soient le degré que ces nobles et indispensables qualités atteignent et la forme qu’elles affectent, les lois que la théorie formule doivent leur laisser liberté entière de se manifester et de produire leurs effets. L’action la plus téméraire peut encore comporter une certaine dose de prudence, de circonspection et d’habileté. C’est une question de plus ou de moins, exactement comme lorsqu’il s’agit du titre de l’alliage dans les métaux précieux.


23. — La guerre est néanmoins toujours un moyen sérieux tendant à un but sérieux. — Développement de ce but.

Il en est ainsi de la guerre, de la direction que le général en chef lui imprime, et des lois que la théorie