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de la nature de la guerre.

tive et son inverse, la grandeur négative, s’annihilent exactement. Dans une bataille, par exemple, chacun des deux adversaires s’efforce de vaincre l’autre ; il y a donc vraiment polarité, car la victoire de l’un rend la victoire de l’autre impossible. Mais, lorsqu’il s’agit de deux choses différentes qui ont entre elles des rapports extérieurs, c’est dans ces rapports et non dans les choses elles-mêmes qu’il faut chercher la polarité.


16. — L’attaque et la défense étant de nature différente et de force inégale, la loi de la polarité ne leur est pas applicable.

Si la guerre n’avait qu’une forme unique, c’est-à-dire si elle consistait à attaquer toujours et à ne jamais se défendre, ou, en d’autres termes, si l’offensive ne différait de la défensive que par le motif positif que la première possède et qui manque à la seconde, le combat se produirait également toujours dans la même forme, et dès lors il y aurait polarité car, dans ce combat, l’avantage obtenu par le vainqueur donnerait la mesure exacte du désavantage essuyé par le vaincu.

Mais l’action revêt deux formes à la guerre, l’offensive et la défensive qui, ainsi que nous le montrerons par la suite, sont très différentes et de force inégale. La polarité ne leur est donc pas directement applicable mais bien à leur rapport commun : la solution. Si l’un des généraux en chef veut retarder la solution, l’autre, sans toutefois changer la forme de son action, doit vouloir la hâter. Nous disons sans toutefois changer la forme de son action, car, de ce que A ait intérêt à n’attaquer B que dans quelques semaines, et que, par opposition directe, B ait intérêt à être attaqué tout de suite, il ne s’ensuit nullement que ce dernier ait intérêt à attaquer immédiatement lui-même, ce qui serait tout différent.