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qu’est-ce que la guerre ?

va sans dire, que dans la supposition que, de part et d’autre, les adversaires ont une connaissance parfaite de la situation.


14. — Dans ces conditions, il se produirait une continuité dans l’acte de guerre qui porterait de nouveau les choses aux extrêmes.

En effet, indépendamment de ce qu’une activité si soutenue augmenterait les forces morales chez les individus et donnerait à la guerre elle-même une force élémentaire plus grande ainsi qu’un caractère plus passionné, sous l’influence de la continuité de l’action les causes produisant plus régulièrement leurs effets, les événements se succéderaient dans une connexion plus intime, et par suite les actes isolés prendraient plus d’importance et présenteraient plus de danger.

Mais nous savons que l’acte de guerre n’a que rarement ou jamais cette continuité, et que, dans nombre de cas, de tout le temps que dure une guerre on n’en consacre que de beaucoup la plus faible partie aux opérations militaires. Le phénomène est donc trop fréquent pour constituer toujours une anomalie, et, par suite, l’interruption de l’acte de guerre doit être logiquement possible. Nous allons faire voir qu’il en est véritablement ainsi.


15. — Il se présente ici un principe de polarité.

En nous représentant l’intérêt des deux adversaires en progression inverse chez chacun d’eux, nous avons admis une véritable polarité. Nous traiterons ce sujet dans un chapitre spécial, mais dès aujourd’hui nous en dirons les quelques mots suivants :

Le principe de la polarité n’est applicable à un seul et même objet que si, dans cet objet, la grandeur posi-