Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, IV.djvu/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.
18
de la nature de la guerre.

deux parties a intérêt à attendre, l’autre doit avoir intérêt à agir.

On ne saurait admettre qu’un équilibre complet entre les forces des deux adversaires puisse produire un temps d’arrêt dans l’acte de guerre, parce que, en pareil cas, par le fait seul qu’il a le but positif, l’attaquant devrait néanmoins continuer à tendre vers ce but.

Que si, cependant, celui des deux belligérants qui a le but positif, et qui par conséquent est le plus fortement sollicité à l’action, ne disposant pas de forces égales à celles de l’autre, on pouvait supposer que l’égalité existât néanmoins entre eux en raison de ce que, chez le premier, la supériorité du motif compense celle des moyens, il faudrait encore se dire que, si rien n’était à prévoir qui pût modifier un pareil équilibre, les deux adversaires devraient logiquement faire la paix ; tandis que si un changement était probable, comme il ne pourrait favoriser que l’un d’eux, cela seul devrait aussitôt porter l’autre à agir. On voit ainsi que le fait qu’ils se trouvent en équilibre ne peut les inciter qu’à attendre un moment plus favorable, mais non à interrompre formellement l’acte de guerre. Si donc il arrive que, de deux États opposés, l’un poursuive un but positif, — soit par exemple la conquête de l’une des provinces de l’adversaire pour s’en prévaloir au moment de la paix, — une fois ce résultat atteint, son action n’ayant plus d’objet, il s’arrête. Si l’autre accepte alors le fait accompli, il doit faire la paix ; sinon il doit continuer à agir. Il va de soi, cependant, que si celui-ci prévoit que dans quelques semaines il pourra disposer de moyens plus puissants, il fera bien d’attendre jusque-là ; mais dès lors c’est au vainqueur de continuer immédiatement la lutte, afin précisément d’empêcher qu’il n’en soit ainsi. Nous ne parlons ici, cela