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qu’est-ce que la guerre ?

plus ou moins longue, selon que celui qui agit y apporte plus ou moins de promptitude. Or, chacun faisant les choses à sa manière, nous n’avons pas ici à tenir compte de ce côté de la question. Nous constaterons, cependant, que ce n’est pas volontairement que l’homme lent agit lentement, mais bien parce que, en raison de sa nature, il a besoin de plus de temps, ou, en d’autres termes, parce qu’il ferait moins bien s’il se hâtait davantage. D’où suit que, bien que ce soient les aptitudes personnelles de celui qui l’entreprend qui déterminent le temps nécessaire à l’accomplissement d’une action, ce temps n’en constitue pas moins la durée proprement dite de cette action.

Or, si nous laissons ainsi à chacune des actions d’une guerre sa durée propre, en dehors de cette durée même toute perte de temps, c’est-à-dire tout temps d’arrêt dans l’acte de guerre lui-même, doit, au moins au premier aspect, nous sembler un contre-sens. Il va de soi qu’il ne faut entendre ici que les progrès de l’acte de guerre dans son ensemble, et non pas ceux de l’un ou de l’autre des deux adversaires isolément considéré.


13. — Un seul motif peut suspendre l’action, et ce motif paraît ne pouvoir jamais exister que d’un seul côté.

Le principe d’hostilité qui a porté les adversaires à prendre de part et d’autre leurs dispositions pour la lutte existera nécessairement entre eux tant qu’ils n’auront pas fait la paix, et dès lors l’attente de circonstances plus favorables peut seule les porter à suspendre l’acte de guerre. Or, au premier coup d’œil, cette condition ne paraît jamais pouvoir se présenter que d’un seul côté, car précisément parce que l’une des

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