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qu’est-ce que la guerre ?

première et très puissante solution l’a déjà fortement ébranlé. Pour le moment il nous suffit de faire voir que la concentration instantanée de la totalité des forces est contraire à la nature de la guerre. On ne saurait cependant conclure de là qu’il ne faille pas porter à la première solution la totalité des efforts qu’on est en situation d’y consacrer, d’abord parce que, en tout état de choses, une solution défavorable constitue un désavantage auquel on ne doit jamais volontairement s’exposer, puis parce qu’une première solution, lors même qu’elle ne reste pas unique, exerce d’autant plus d’influence sur les suivantes qu’elle a été elle-même plus puissante. Mais l’esprit humain éprouve une telle répugnance pour les grands efforts, qu’il suffit de la possibilité d’une seconde solution pour que, dans la recherche de la première, on ne concentre et n’actionne pas les forces avec la puissance qu’on y apporterait sans cela. Or ce que chacun des adversaires néglige ainsi de faire devient un nouveau motif de modération pour l’autre dans son action, et, par cette influence réciproque, les tendances à l’extrême se trouvent de nouveau ramenées à des efforts de proportion plus réduite.


9. — À la guerre le résultat n’est jamais absolu.

Enfin la solution dernière d’une guerre tout entière ne saurait elle-même être toujours considérée comme absolue. Souvent l’État vaincu ne voit dans sa défaite qu’un mal transitoire auquel il espère trouver un remède dans les relations politiques de l’avenir, et l’on comprend facilement tout ce que ces considérations peuvent enlever à la grandeur des efforts.